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Les
rapports entre littérature et économie
sont depuis longtemps semés d'embûches,
de malentendus, de jugements hâtifs, de rendez-vous
manqués. Il n'est pas abusif d'avancer que la
critique littéraire a, jusqu'à tout récemment,
levé le nez sur le discours économique
en ne le considérant jamais en soi, mais toujours
par le biais de la politique ou de l'idéologie.
Pourtant, les manières dont l'économique
s'inscrit dans les textes gagneraient à être
examinées en tenant compte de la spécificité
de son discours (lexique, axiomatique et axiologie récurrentes,
visions du monde) surtout
aujourd'hui, alors que le discours économique
investit à peu près toutes les sphères
de la connaissance.
L'objectif
de ce recueil n'est pas de sonder les théories
économiques et leurs variations, mais d'examiner
les représentations que suscite le fait économique.
Les articles se penchent sur une notion clé (valeur,
argent, consommation, intérêt, capital,
échange, don, etc), et ils analysent des figures
réfractaires à l'ordre économique
(entre autres, l'avare, le mendiant, le philosophe et
le poète). Que deviennent les théories
et doctrines économiques lorsque romanciers,
poètes et autres doxographes s'en emparent ?
Quelles stratégies de persuasion se mettent en
place dans la littérature d'idées ? Selon
quels axes s'articulent les condamnations du libéralisme,
voire de l'économisme? En filigrane, les articles
jettent un regard critique sur les inévitables
mises en rapport entre démocratie et discours
économique classique. On l'aura compris, ce collectif
se penche sur la chose économique empruntant
le pointde vue de lasociocritique ou de l'analyse du
discours. |